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2005

JUCKER, Michael, Gesandte, Schreiber, Akten. Politische Kommunikation auf eidgenössischen Tagsatzungen im Spätmittelalter

Pierre Monnet
Thomas HILL, Die Stadt und ihr Markt. Bremens Umlands- und Aussenbeziehungen im Mittelalter (12.-15. Jahrhundert), Wiesbaden : Steiner (Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte, Beihefte, 172), 2004, 424 p., 80 €.
Michael JUCKER, Gesandte, Schreiber, Akten. Politische Kommunikation auf eidgenössischen Tagsatzungen im Spätmittelalter, Zürich : Chronos, 2004, 367 p., 38,80 €.
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Texte intégral

1Ces deux parutions ont été regroupées dans la même recension pour illustrer la vitalité continue des études médiévales consacrées depuis quelques années à la communication, à l’information et à la représentation extérieures des pouvoirs, plus particulièrement des villes.

2Le premier cas observé concerne la ville de Brême, à la fois ville de marché, membre de la Hanse et cité pourvue d’une politique extérieure active. À tous ces titres, la métropole de la Weser est donc un centre important de communications. Celles-ci sont étudiées sous un angle méthodologique revendiquant clairement les thèses de la centralité, au risque inhérent à la théorie christallérienne d’une certaine atemporalité et d’un schéma parfois trop mécaniste, tel que celui qui relie la topographie naturelle à la fonction historique de marché (p. 41-77). L’un des apports principaux de l’ouvrage est de parvenir à démontrer, sources et cartes à l’appui, l’articulation recherchée et patiemment construite par le Conseil entre l’arrière-pays proche de la banlieue, ceinture nourricière et relationnelle, et le cercle régional du commerce et des alliances. Ce périmètre est essentiellement ordonné par la Weser qui commande les grands axes d’influence et d’échanges de Brême. Ce territoire d’intervention recoupe sans les recouvrir les priorités de la politique hanséatique de la ville, de sorte qu’il existe une sphère brêmoise spécifique que les affaires de la Hanse n’ont pas entièrement absorbée. De ce point de vue, Brême présente d’ailleurs un profil régional bien plus accentué que Lübeck et Hambourg, qui polarisent véritablement les grands trafics maritimes et même terrestres de la Hanse. L’ouvrage ne dit pas en revanche clairement si ce résultat est le fruit d’un choix volontaire des autorités du Conseil ou bien si cette limitation n’est pas davantage le produit de la nécessité et de la concurrence. L’auteur fait cependant implicitement le pari de la première hypothèse en montrant que les choix principaux du Conseil ont été tournés vers la préservation des intérêts régionaux grâce à la consolidation et à l’aménagement des douanes, du fleuve, du port, les installations fortifiées du plat pays. Ce fait semble également confirmé par la politique prudente menée au sein de la Hanse : certes la fidélité envers Lübeck a prévalu, mais le soutien n’a pas été aveugle, du moins tant que les villes dans l’Empire et plus particulièrement la Hanse pouvaient encore se permettre le luxe relatif d’une politique autonome. Ce n’est plus guère le cas après 1450 et Brême doit se plier à une discipline hanséatique accrue pour s’opposer aux Frisons et aux Danois. Comme l’indique l’auteur en sa conclusion, seule une étude semblable menée à l’échelle de toute la Hanse pourrait permettre de juger de l’exemplarité du cas brêmois.

3Le second ouvrage de M.J. s’intéresse également aux phénomènes de communication politique, cette fois dans un autre environnement, mais tout aussi structuré, que celui de la Hanse : la confédération helvétique, plus spécialement les assemblées de députés des villes et cantons (Tagsatzungen) suisses qui se sont réunis de la fin du XIVe s. jusqu’à la Révolution Française. Deux téléologies nationales devaient cependant être d’abord déconstruites afin de restituer à l’enquête toute sa validité scientifique. Il fallait en effet rompre d’une part avec l’idée d’une assemblée représentative urbaine et territoriale, volontaire et horizontale, comme ancêtre du parlementarisme européen moderne ; et d’autre part avec la thèse de la continuité qui fait de ces assemblées les fondements de la spécificité, de la conscience nationale et de la démocratie suisses. Une fois ce terrain déblayé, il n’en reste pas moins que ces diètes ont existé à la fin du Moyen Âge, qu’elles furent régulières, fréquentées par des envoyés spécialement choisis et qu’elles ont donné lieu à une masse conséquente de rapports, protocoles et décisions de nature à faire exister l’alliance qui unissait les 16 partenaires régionaux vers 1500. Ce matériau documentaire se prête admirablement bien à une étude de la production, de l’institutionnalité et du classement de l’écrit (Schriflichkeit), de la part d’oralité présente dans ces textes, des fonctions et rituels de communication, du personnel enfin étudié tant à travers ses gestes que ses costumes ou formules de politesse. Sur ce dernier point, les conclusions de l’enquête confirment les résultats connus pour d’autres régions et d’autres assemblées telles que les ligues urbaines. Tout d’abord, la production et le classement des actes sont le fait de notaires bien formés, représentatifs d’une scolarisation et d’une culture urbaines, soucieux aussi de doter cette institution d’une mémoire. Ensuite, les députés sont souvent les meilleurs éléments de leurs Conseils urbains respectifs, ainsi que le montrent bien les cas de Lucerne et de Zurich. Leur mission et leur travail sont préparés et accompagnés par un flux important de missives dont l’existence suppose toute une noria de messagers ainsi que le fonctionnement et le raccordement d’un bon réseau régional de routes. Incontestablement ces assemblées ont donné corps et vie à la fédération, qu’il convient moins d’interpréter comme le signe d’une dévitalisation de l’Empire que comme le parachèvement de sa territorialisation et de sa densification politiques.

4Pierre MONNET (École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris)

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Pour citer cet article

Référence électronique

Pierre Monnet, « JUCKER, Michael, Gesandte, Schreiber, Akten. Politische Kommunikation auf eidgenössischen Tagsatzungen im Spätmittelalter », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 01 janvier 2005, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/837 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ifha.837

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