SPEHR, Christopher, Aufklärung und Ökumene. Reunionsversuche zwischen Katholiken und Protestanten im deutschsprachigen Raum des späteren 18. Jahrhunderts
Texte intégral
1Les plans de réunion des Églises au temps des Lumières appartiennent, écrivait Karl Otmar von Aretin en 1986, « au champ de gravitation irrationnel de l’Aufklärung » (dans Das Reich. Friedensgarantie und europäisches Gleichgewicht 1648-1806, p. 415). On dispose désormais avec l’ouvrage de Ch.S. d’une base beaucoup plus solide pour discuter et nuancer un tel jugement. Il contribue en effet à combler une lacune que signalait en 2003, sans vraiment la faire disparaître, un volume collectif dirigé par Harm Klueting (voir BullMHFA, 41, 2005, p. 433-434) : la connaissance imparfaite que nous avions des plans de réunion des Églises chrétiennes à la fin du XVIIIe s.
2Ch.S. fait un relevé très précis des écrits publiés sur le sujet entre 1763 et 1789 ; il a en outre recours à des correspondances pour éclairer les relations entre les personnages qu’il présente. La matière est tout d’abord répartie en trois catégories : les tentatives solitaires ; les efforts collectifs – le plan « Piderit-Böhm », du nom d’un professeur de théologie réformé de Kassel et d’un savant bénédictin de Fulda, animateurs d’une réflexion qui est sans doute la plus connue au sein de cet œcuménisme avant la lettre, y tient une place centrale ; et enfin les périodiques « réunionistes ». Cette répartition ne promet pas un traitement très inventif mais permet de décliner progressivement les thèmes, bien repris dans une conclusion efficace, et de détailler des textes parfois peu connus. La précision du propos révèle dans les motivations des auteurs bien autre chose que de l’irrationnel, ou que la naïveté désarmante qui conduit certains à penser qu’il suffira de dévoiler les vérités communes pour faire tomber deux siècles et demi de construction confessionnelle. Le théologien protestant Jerusalem, qui publie tout de même ensuite sur la réunion, refuse ainsi au départ de perdre son temps dans des « discussions de réunification cent fois rebattues » (cité p. 57). Mais la réflexion sur les rapports entre vérité et raison et sur les mérites comparés de la tolérance et de la réunion séduit les esprits autant que celle qui porte sur l’autonomisation d’une Église nationale en prélude aux nécessaires réformes de l’Empire.
3Surtout, le travail de Ch.S. met au jour une chronologie nouvelle de la place des projets de réunion dans l’évolution des Lumières. Il isole en particulier une phase d’« euphorie interconfessionnelle » (p. 311) autour de 1781 (Édit de tolérance de Joseph II) qui permet aux idées de réunion des Églises de déborder le cercle confidentiel où elles étaient débattues pour atteindre un public un peu plus large, en particulier grâce à deux périodiques spécifiques fondés en 1782, mais qui ne vivront que quelques mois. En effet, le débat sur la réunion stimule également les réactions contraires, auxquelles Ch.S. consacre sa quatrième partie : sur des bases opposées, mais autour d’une affirmation partagée (l’incompatibilité entre catholicisme et Aufklärung), les mouvances que l’opposition à l’idée de réunion contribue à cristalliser marquent une réaction confessionnelle dont plusieurs éléments se retrouvent dans le libéralisme protestant et l’ultramontanisme catholique du XIXes.
4Christophe DUHAMELLE (MHFA)
Pour citer cet article
Référence électronique
Christophe Duhamelle, « SPEHR, Christopher, Aufklärung und Ökumene. Reunionsversuche zwischen Katholiken und Protestanten im deutschsprachigen Raum des späteren 18. Jahrhunderts », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 01 janvier 2006, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/758 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ifha.758
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