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2006

SCHLÖGL, Rudolf, Interaktion und Herrschaft. Die Politik in der frühneuzeitlichen Stadt

Guillaume Garner
Rudolf SCHLÖGL (dir.), Interaktion und Herrschaft. Die Politik in der frühneuzeitlichen Stadt, Konstanz : UVK (Historische Kulturwissenschaft, 5), 2004, 584 p., 44 €.
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Texte intégral

1Cet ouvrage collectif entend présenter une vision renouvelée à la fois de l’histoire politique et de l’histoire urbaine allemande à la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne, en réaction contre une approche de la réalité politique urbaine qui appliquerait à son objet une grille conceptuelle anachronique, faisant de la ville un laboratoire préfigurant l’apparition de la démocratie libérale et participative des XIXe et XXe s. : la politique ne s’y est en effet pas encore constituée en une sphère autonome, mais elle est étroitement conditionnée par la possession de moyens de domination économiques et sociaux et par la capacité à l’exercice de la violence. Le projet de R. SCHLÖGL et des contributeurs de ce volume est donc de souligner l’altérité radicale de la ville de l’époque moderne en observant les formes sociales de la politique urbaine à travers les modes de communication spécifiques qui y sont investis, ceux-ci étant définis comme les modes de constitution et de stabilisation, de perpétuation de l’ordre politique et social urbain. La question n’est donc plus celle des motivations expliquant telle ou telle action, mais celle de la façon dont la maîtrise des procédures de communication permet au pouvoir de s’exercer – la perspective suivie étant assez proche de celle adoptée par B. Stollberg-Rilinger à propos des procédures politiques (voir BullMHFA, 38, 2002, p. 366-368).

2Or la culture politique urbaine de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne se caractérise, non par la prédominance de l’écrit, mais par l’importance de la présence physique simultanée des acteurs de la vie politique, voire des habitants des villes, par ce que R.S. appelle une « communication entre présents ». Celle-ci, avec ses modalités propres, conditionne ainsi l’exercice du pouvoir (par exemple à travers les rituels, les cérémoniels), ainsi que les conflits, potentiellement déstabilisateurs et violents dans la mesure où l’opposition ouverte peut menacer la « communication entre présents » : celle-ci doit donc être organisée de manière à permettre la prise de décisions s’imposant à tous. Ces hypothèses de recherche, qui empruntent autant à la sociologie de Niklas Luhmann qu’à la science de la communication, sont vérifiées et approfondies par dix-sept communications, qui s’intéressent quasiment toutes à l’espace impérial et helvétique, et qui sont regroupées en trois sections : les processus communicatifs dans le droit et la politique, la conflictualité de la ville, et les « media » de la politique et de la formation identitaire.

3Ce volume se distingue par la richesse de ces contributions qui contribuent à apporter un éclairage sur les réalités politiques urbaines largement renouvelé sous plusieurs points de vue : en premier lieu, cette approche permet d’échapper à une vision dichotomique de la société urbaine, dans laquelle une élite, détentrice du pouvoir, imposerait ses normes et ses décisions au « peuple » ou aux Bürger : la prégnance de la communication interactive impose en effet une obligation de consensus, la nécessité du maintien d’une certaine unanimité, qui obligent les autorités urbaines à composer avec les attentes des populations urbaines. En second lieu, l’approche par les processus de communication permet d’éclairer les pratiques des institutions juridiques et politiques de la ville, politique et droit étant deux sphères encore faiblement différenciées ; cet accent porté sur les pratiques caractérise également les contributions de la troisième section sur la formation d’une identité urbaine à travers les représentations et mises en scène symboliques du pouvoir politique et social urbain.

4Cet ouvrage est très stimulant à la fois dans ses résultats et sa démarche car il a le grand mérite de construire son objet en évitant la rétro-projection sur la ville moderne de catégories anachroniques ; il suggère un certain nombre de pistes d’approfondissement, et pose notamment la question du déclin de cet ordre politique urbain fondé sur la « communication interactive », et sur l’apparition d’un nouvel ordre politique, correspondant au schéma d’une opinion publique impersonnelle et ayant l’imprimé comme vecteur principal.

5Guillaume GARNER (MHFA)

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Pour citer cet article

Référence électronique

Guillaume Garner, « SCHLÖGL, Rudolf, Interaktion und Herrschaft. Die Politik in der frühneuzeitlichen Stadt », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 01 janvier 2006, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/754 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ifha.754

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Auteur

Guillaume Garner

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