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2011

Zloch, Stefanie, Polnischer Nationalismus. Politik und Gesellschaft zwischen den beiden Weltkriegen

Damien Thiriet
Stefanie Zloch, Polnischer Nationalismus. Politik und Gesellschaft zwischen den beiden Weltkriegen, Köln/ Weimar/ Wien : Böhlau (Industrielle Welt. Schriftenreihe des Arbeitskreises für moderne Sozialgeschichte, 78), 2010, 631 p., 64,90 €.
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Texte intégral

1La Deuxième République polonaise reste, en France, l’objet d’idées reçues. La lecture de ce livre sera d’autant plus profitable qu’il enrichit l’historiographie d’un phénomène trop souvent décrit à la seule lumière des tragédies de 1939-1945.

2Dans la lignée d’Hobsbawm et d’Anderson, S.Z. entend décrire cette « communauté imaginaire » qu’est la nation. Elle s’est donc intéressée aux pratiques discursives mobilisées lors des élections, à l’école, autour des minorités nationales ou de l’autonomie locale (samorząd terytorialny), en intégrant notamment les acquis de « l’histoire au second degré » et du genre. Ces discours faisaient intervenir des visions concurrentes de la nation. À gauche, l’avènement d’une « Pologne populaire » butta sur une insuffisante coopération entre socialistes et agrariens, malgré les progrès enregistrés dans les années trente. La sanacja aux commandes à partir de 1926 promouvait l’idéal étatique d’une communauté nationale dépolitisée, dans laquelle le citoyen devait s’associer aux initiatives du pouvoir – un modèle de plus en plus critiqué à la fin des années trente, au nom d’un idéal de « démocratisation sociale ». Les nationaux-démocrates promouvaient une vision ethnique de la nation, dans laquelle l’adversaire politique défendait nécessairement les intérêts de minorités hostiles. D’où un antisémitisme quasi obsessionnel projetant sur la figure du juif les caractéristiques d’un ennemi fantasmé. Ce nationalisme d’exclusion n’avait cependant pas le monopole à droite ; il était concurrencé par une vision paternaliste de la nation véhiculée par l’Église catholique, les conservateurs et les propriétaires terriens, héritiers de la noblesse.

3S.Z. compare en fait trois périodes. En 1918-1922, de nombreux groupes sociaux (instituteurs, femmes…) virent dans l’indépendance l’occasion de mettre en avant les services rendus à la cause nationale pour assurer leur propre promotion ; cela invalide l’hypothèse d’Hobsbawm selon laquelle le nationalisme aurait bloqué après 1918 l’émancipation sociale dans l’Europe du Centre-Est. L’idéal d’une Diète vide de conflit, où coopéreraient toutes les couches sociales, empêcha par ailleurs la constitution d’un front antiparlementaire, mais il portait, à terme, une critique de la compétition électorale. La propension des acteurs politiques à identifier leur position avec l’intérêt national pour mieux disqualifier l’adversaire discrédita aussi la démocratie, débouchant sur le coup d’État de mai 1926. L’analyse des années 1928-1930 met en évidence les efforts d’adaptation à une nouvelle réalité politique, celle des années 1935-1939, une militarisation de l’idée nationale.

4Cette méthode par sondages a toutefois ses limites. Si l’analyse des pratiques festives est sans doute l’un des principaux apports de cette étude, S.Z., en se focalisant sur les fêtes cycliques (1 et 3 mai, 15 août, 11 novembre), laisse de côté des cérémonies de masse comme l’enterrement de Piłsudski ou les cérémonies commémoratives de Nowosielce, durant lesquelles le parti agrarien PSL humilia Rydz-Śmigły, l’homme-fort du régime. Les efforts louables pour rendre compte de l’activité des petites bourgades auraient aussi pu être poussés à terme en prêtant plus d’attention aux activités du courant agrarien et à la question ukrainienne – pour laquelle l’éclairage local fait défaut. Il aurait fallu pour cela compléter le bon dépouillement des archives locales de Mazovie par celui des fonds d’un bourg de Petite-Pologne (berceau historique du PSL) et d’une petite ville de Galicie orientale.

5Damien Thiriet (université de Cracovie)

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Pour citer cet article

Référence électronique

Damien Thiriet, « Zloch, Stefanie, Polnischer Nationalismus. Politik und Gesellschaft zwischen den beiden Weltkriegen », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 01 janvier 2011, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/6717 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ifha.6717

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