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2012

Schmidt, Georg, Wandel durch Vernunft. Deutsche Geschichte im 18. Jahrhundert

Guillaume Garner
Georg Schmidt, Wandel durch Vernunft. Deutsche Geschichte im 18. Jahrhundert, München : Beck, 2009, 512 p., 29,90 €.
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Texte intégral

1Spécialiste reconnu de l’histoire du Saint-Empire à l’époque moderne, G.S. livre une synthèse particulièrement complète de l’histoire de l’Allemagne au XVIIIe siècle, qui s’inscrit dans une série d’ouvrages publiés sur l’histoire allemande, entre celui de Volker Press consacré au XVIIe siècle, et celui de Wolfram Siemann portant sur les années 1806-1871. G.S. étudie donc un XVIIIe siècle qui part de la fin de la guerre de Succession d’Espagne et du début du règne de Charles VI à la disparition du Saint-Empire en 1806. Le livre est organisé en trois temps : une première partie présente un tableau de l’Allemagne au début du XVIIIe siècle qui étudie les structures économiques et sociales, l’organisation politique de l’Empire et la « nouvelle pensée » qui émerge au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles dans les domaines religieux, politique et scientifique. Déroulant un fil chronologique, la deuxième section examine l’histoire et la culture politique de l’Empire jusqu’à sa disparition, tandis qu’une troisième partie est consacrée aux évolutions économiques, sociales et culturelles affectant l’espace allemand durant le XVIIIe siècle.

2G.S. ne se contente donc pas d’une histoire seulement politique, mais embrasse une très large palette de thèmes qu’il traite en se référant d’une part à de nombreuses sources imprimées, d’autre part à une bibliographie qui impressionne par son ampleur. Bien évidemment, l’organisation politique de l’Empire et son affaiblissement progressif sous l’effet des forces centrifuges du dualisme austro-prussien sont étudiées de manière détaillée et circonstanciée. Congédiant une nouvelle fois la thèse du Sonderweg et d’un retard allemand, l’auteur y réaffirme sa conception de l’Empire comme un « État complémentaire », thèse qu’il avait affirmée dans sa Geschichte des Alten Reiches, publiée en 1999, qui avait fait grand bruit chez les historiens modernistes allemands (voir le compte rendu dans BullMHFA, 36, 2000, p.285). G.S. a cependant entre-temps pu enrichir son étude du déclin final de l’Empire – les années allant de la Ligue des Princes de 1785 à 1806 – des recherches qui ont été menées à l’occasion du bicentenaire de la disparition de l’Empire.

3Il présente par ailleurs de manière détaillée les structures et les évolutions démographiques et socio-économiques de l’espace allemand en n’oubliant pas les thèmes relevant du genre de l’histoire de l’environnement (Umweltgeschichte) dont on sait l’essor en Allemagne depuis trois décennies. Par ailleurs, les conflits sociaux, urbains aussi bien que ruraux, sont également l’objet d’analyses détaillées. De même, la troisième partie de l’ouvrage fait la part belle à l’Aufklärung envisagée dans toutes ses dimensions : l’activité scientifique, les conceptions (plus que les pratiques) religieuses, la sociabilité éclairée, les théories économiques, l’activité littéraire, la question du cosmopolitisme, etc. : peu de thèmes sont négligés dans cette synthèse.

4Une fois le livre refermé, le lecteur ne peut cependant manquer de remarquer la discordance entre l’ampleur des thèmes embrassés et la thèse de l’auteur, affirmée dans les pages de conclusion, mais déjà présente dans le titre : celle d’une « évolution par la raison ». Ce mot d’ordre résume selon G.S. le processus de transformation proclamé et mis en œuvre par les Aufklärer au XVIIIe siècle, processus qui contraste avec le relative inertie de l’organisation politique et sociale de l’Empire, et affirmer comme le fait l’auteur que « les grandes idées de l’Aufklärung (…) relient le XVIIIe et le XXIe siècles » (p. 400) relève d’une interprétation qui penche vers un certain idéalisme et qui, au total, ne rend pas justice de l’ampleur des points de vue et des questions abordés.

5Terminons par des remarques « formelles » : l’ouvrage est doté d’une bibliographie abondante, de deux indices et de deux bonnes cartes du Saint-Empire (qui occultent une partie du royaume de Prusse). Écrite dans une langue claire et jamais pédante, cette étude est appelée à devenir une référence majeure sur l’histoire de l’Allemagne au XVIIIe siècle.

6Guillaume Garner (ENS Lyon)

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Pour citer cet article

Référence électronique

Guillaume Garner, « Schmidt, Georg, Wandel durch Vernunft. Deutsche Geschichte im 18. Jahrhundert », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 01 janvier 2012, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/6511 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ifha.6511

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Auteur

Guillaume Garner

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