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1995

HUDEMANN, Rainer, SOUTOU, Georges-Henri, Eliten in Deutschland und Frankreich im 19. und 20. Jahrhundert, t.1: Strukturen und Beziehungen

Isabelle von Bueltzingsloewen
Rainer HUDEMANN, Georges-Henri SOUTOU (dir.), Eliten in Deutschland und Frankreich im 19. und 20. Jahrhundert, t.1: Strukturen und Beziehungen, München: Oldenbourg, 1994, 324 p., 88 DM.
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Texte intégral

1Fondé en 1987, à l’initiative de Raymond Poidevin, le Comité Franco-Allemand de recherches sur l’histoire de la France et de l’Allemagne aux XIXe et XXe s., rassemble des historiens français travaillant sur le domaine allemand, des historiens allemands travaillant sur le domaine français ainsi que des historiens, de plus en plus nombreux des deux côtés du Rhin, ayant opté pour une démarche comparatiste. C’est précisément cette optique comparatiste qui est à l’origine de cet ouvrage qui rassemble les vingt-trois communications, en français et en allemand, d’un colloque réuni en octobre 1990 à Arc-et-Senans. Cette rencontre, qui réunit plus de soixante chercheurs, avait pour thème l’étude comparée des élites françaises et allemandes aux XIXe et XXe s.

2Comme le rappelle G.-H. SOUTOU dans l’introduction du recueil, »l’étude des élites constitue une excellente approche comparatiste des rapports franco-allemands«. En effet, tout au long des XIXe et XXe s., les deux pays et leurs élites se sont volontiers pris pour modèle, même si, davantage que la France, l’Allemagne a également regardé ailleurs, en particulier vers les pays anglo-saxons et même si les influences réciproques n’ont jamais véritablement remis en cause les traditions nationales qui se sont néanmoins fortement atténuées depuis 1945. Après avoir précisé la notion d’élite, définie à la fois par sa fonction, par la sélection dont elle est le produit, par sa formation, par son pouvoir ainsi que par le modèle qu’elle constitue pour la société, les intervenants examinent successivement différentes catégories d’élites. La noblesse tout d’abord (K.F. WERNER et K.O. FREIHERR VON ARETIN), qui durant toute la période demeure un modèle social agissant côté allemand, les élites culturelles (contributions de C. CHARLE, J.-F. SIRINELLI, H.M. BOCK, D. BOUREL, D. TIEMANN et L. DUPEUX), les élites économiques (étudiées par T. PIRENKEMPER, D. BARJOT, P. FRIDENSON, H. HOMBURG, A. LACROIX-RIZ et R. HUDEMANN), les élites militaires (K.-J. MÜLLER, W. SERMAN, B.R. KROENER, Gal J. DELMAS et M. MESSERSCHMIDT), enfin les élites diplomatiques (J.-C. ALLAIN, P. KRÜGER, P. GRUPP et G.-H. SOUTOU).

3Pour ce qui est de leur fonction, ces élites françaises et allemandes se ressemblent beaucoup; à quelques nuances près elles jouent un rôle comparable dans des sociétés qui malgré leurs différences sont néanmoins très proches. La sélection de ces élites apparaît plus contrastée, il n’est que de penser aux officiers dont le recrutement est beaucoup plus aristocratique et fermé en Allemagne au moins jusqu’au IIIe Reich ou encore au milieu intellectuel socialement plus ouvert en France à partir de la Troisième République grâce au système des bourses; les divergences sont en revanche beaucoup moins nettes pour les diplomates et surtout pour les élites économiques où les origines familiales et le mariage interviennent de façon identique des deux côtés du Rhin. Mais c’est sans doute dans le domaine de la formation que les différences apparaissent les plus marquées; les oppositions sont nombreuses, entre grandes écoles et université tout d’abord, dans l’importance accordée aux concours côté français, dans la formation professionnelle beaucoup plus poussée côté allemand, dans le contenu des formations, le droit jouant un rôle plus important en Allemagne alors que les élites françaises privilégient les sciences et l’administration. Les disparités existent également si l’on examine le pouvoir de ces élites: en Allemagne, les officiers et les grands industriels ont une influence plus grande sur la société et l’Etat avant 1945; en France en revanche, les intellectuels sont plus influents qu’Outre-Rhin si l’on excepte la parenthèse de Weimar. De façon plus générale, les élites françaises dépendent davantage de l’Etat pour leur carrière (les grands corps de l’Etat n’existent pas côté allemand) que les élites allemandes dans un Etat plus décentralisé.

4Pour tous ces aspects, de très nombreuses pistes restent à explorer (la plupart des articles soulignent les lacunes encore immenses de la recherche dans ce domaine) et il serait d’ailleurs souhaitable qu’elles ne se limitent pas au seul couple franco-allemand; on peut en effet regretter l’absence dans cet ouvrage de quelques contributions ouvrant sur une comparaison plus large. D’autres élites doivent par ailleurs être prises en compte, les élites religieuses, les élites politiques, les élites associatives ainsi que les élites que constituent les professions libérales qui feront l’objet d’une seconde publication du Comité.

5Isabelle von BUELTZINGSLOEWEN

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Pour citer cet article

Référence électronique

Isabelle von Bueltzingsloewen, « HUDEMANN, Rainer, SOUTOU, Georges-Henri, Eliten in Deutschland und Frankreich im 19. und 20. Jahrhundert, t.1: Strukturen und Beziehungen », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 01 janvier 1995, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/1960 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ifha.1960

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