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2009

FUHRER, Therese, Die christlich-philosophischen Diskurse der Spätantike. Texte, Personen, Institutionen

Stéphane Gioanni
Therese FUHRER (dir.), Die christlich-philosophischen Diskurse der Spätantike. Texte, Personen, Institutionen, Stuttgart : Steiner (Philosophie der Antike, 28), 2008, 438 p., 65 €.
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Texte intégral

1Ce volume rassemble les actes du colloque organisé en février 2006 à l’Université de Fribourg par T.F., spécialiste de la philosophie augustinienne. Le thème général de la rencontre se propose d’étudier l’influence, le déclin et l’évolution des différentes traditions de pensée aux IVe et Ve s., au moment de la christianisation de l’Empire : « le but de ce livre est de montrer la palette la plus large possible des sources d’information sur l’Antiquité tardive dans l’Occident latin » et de « reconstituer une image précise de cette période, de l’espace décrit, et des personnes et groupes sociaux qui y vécurent » (p. 10). Refusant de se focaliser sur les textes les plus connus, le dialogue entre historiens, philosophes et philologues permet de confronter des sources, des méthodes et des problématiques complémentaires. Cette réflexion collective s’inscrit dans le cadre des recherches inspirées par le New Historicism qui, tout en rejetant l’idée d’un contexte qui prédéfinirait l’écriture d’une œuvre, attire l’attention sur le temps, le lieu et les circonstances de sa composition.

2Il n’est pas possible de proposer une recension exhaustive des 21 articles qui se concentrent pour l’essentiel sur les figures d’Ambroise et surtout d’Augustin : S. REBENICH examine la théorie chrétienne de l’amitié dans l’œuvre d’Augustin : la fonction de l’amicitia, qui continue de jouer une fonction sociale, n’est plus conçue en dehors de la foi. La religion chrétienne et l’accord théologique apparaissent comme un critère plus important, dans le choix des amis, que l’idée d’une fraternité universelle. H. LEPPIN et S. FÖLLINGER se concentrent sur les origines de la pensée d’Ambroise. Si les écrits théologiques de l’évêque de Milan sont influencés par le discours philosophique traditionnel, notamment sur la « biologie païenne », ils développent de nouvelles formes de pensée, marquées par l’humilitas et la pénitence, qui ont des répercussions sur la communication de l’évêque avec les puissants. T. FUHRER revient sur les cercles que fréquenta le jeune Augustin à Milan avant sa conversion. La lecture de ses écrits philosophiques démontre que ces élites culturelles sont beaucoup plus hétérogènes qu’on ne le pense et qu’elles ne se réduisent pas aux milieux néoplatoniciens. Les trois articles suivants illustrent le foisonnement intellectuel dans lequel furent composés les premiers textes d’Augustin : S. FALLER nous invite à reconsidérer les rapports d’Augustin avec le manichéisme et le néoplatonisme à travers les Libri contra Academicos et propose une relecture de la scène du Jardin de Milan (Conf., VIII, 8-12) ; K. POLLMANN démontre que les six œuvres dans lesquelles Augustin parle de la Genèse peuvent être considérées comme des témoignages directs sur ses controverses avec les hérétiques ; J. VAN OORT étudie les thèmes et la terminologie des Acta contra Fortunatum Manichaeum pour conclure qu’Augustin possédait une connaissance intime du manichéisme et de l’Epistula Fundamenti de Mani. C. HORN envisage différentes interprétations de la philosophie politique d’Augustin, en particulier les normes morales de l’action politique et le problème de la violence légitime dans la Cité de Dieu et dans le contexte des persécutions contre les Donatistes. E. KUHN s’intéresse à la philosophie augustinienne de la justice, empreinte de pragmatisme, concernant la valeur des lois séculières, le devoir des juges et la fonction médiatrice de l’évêque. H.C. BRENNECKE propose une réflexion sur la notion d’« arianisme » dans les derniers traités d’Augustin. M. ERLER revient sur la présence discrète mais persistante de thèmes néoplatoniciens dans la doctrine augustinienne de la grâce, notamment la conscience de la faiblesse de l’homme et l’espoir que son salut viendra de l’extérieur. La doctrine de la grâce retient également l’attention de V. DRECOLL qui étudie l’influence d’Augustin sur les canons antipélagiens du concile de Carthage de 418. W. LÖHR considère de son coté que la controverse avec Pélage reproduit, par le contexte et les modalités du conflit, la forme des discussions philosophiques antiques, dont elle serait en quelque sorte une « variante chrétienne ». M. LAMBERIGTS analyse les fondements philosophiques, bibliques et théologiques du concept de concupiscentia dans la pensée de Julien d’Eclane, partisan de Pélage, pour lequel la bonté de la Création justifie la bonté du mariage, du corps et de la sexualité. J. BRACHTENDORF s’interroge sur la critique de la philosophie et sur la pertinence du concept de « sagesse » dans la pensée augustinienne marquée par l’incapacité fondamentale de l’homme à assurer son salut sans l’intervention de la grâce. D. ELM montre que le culte de Perpétue et Félicité a marqué la doctrine augustinienne du martyre et que l’évêque d’Hippone a tiré argument, dans la controverse anti-pélagienne, de la souffrance désintéressée des deux habitantes du Paradis.

3Les dernières contributions confrontent la pensée d’Augustin à celle d’auteurs païens et chrétiens des IVe et Ve s. C. TORNAU compare l’image des lettrés païens dans la Cité de Dieu avec le portrait idéalisé qu’en dressait Macrobe. Il en conclut que la représentation augustinienne contient une mise en garde contre les chrétiens qui demeurent trop attachés à la culture profane. P. SCHIERL étudie les thèmes christiques dans la poésie de Paulin de Nole, notamment dans le carm. 23, et interprète sa poétique comme une élévation vers le Christ et une alternative à la tension de l’esprit vers la connaissance. H. HARICH-SCHWARZBAUER examine les représentations et les fonctions du discours philosophique dans l’œuvre du poète Claudien. S. MRATSCHEK souligne l’attrait de Sidoine et de ses correspondants pour la culture impériale. La survie des belles lettres et de la langue latine apparaissent comme la garantie d’une romanité immortelle. Enfin, K. VÖSSING reconstitue un dialogue fictif entre Augustin et Martianus Capella sur l’enseignement des arts libéraux.

4L’ouvrage s’achève par un index des œuvres citées (p. 415-438). Un lecteur non-germanophone n’aurait pas trouvé inutile de disposer aussi d’un résumé des contributions et d’un index des notions. Enfin, une organisation du recueil en rubriques distinctes aurait facilité la lecture des articles qui s’enchaînent sans véritable lien. Ces critiques sont d’autant plus justifiées que ce livre apporte un regard nouveau sur le foisonnement de la pensée tardo-antique et sur les pratiques discursives de l’Occident latin où se développe peu à peu un espace culturel autonome par rapport à l’Orient hellénistique.

5Stéphane GIOANNI (Université Paris I Panthéon-Sorbonne)

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Pour citer cet article

Référence électronique

Stéphane Gioanni, « FUHRER, Therese, Die christlich-philosophischen Diskurse der Spätantike. Texte, Personen, Institutionen », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 01 janvier 2009, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/1758 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ifha.1758

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