Navigation – Plan du site

AccueilLibrairie / RecensionsDate de recension1996BRAUN, Rudolf, GUGERLI, David, Ma...

1996

BRAUN, Rudolf, GUGERLI, David, Macht des Tanzes, Tanz der Mächtigen. Hoffeste und Herrschaftszeremoniell 1550-1914

Patrice Veit
Rudolf BRAUN, David GUGERLI, Macht des Tanzes, Tanz der Mächtigen. Hoffeste und Herrschaftszeremoniell 1550-1914, München: Beck, 1993, 378 p., 78 DM.
Haut de page

Texte intégral

1L’ambition de ce pas-de-deux original est d’étudier, dans la longue durée et sur un vaste espace géographique (d’où manquent cependant l’Italie et l’Espagne), les diverses dimensions socio-politiques et socio-culturelles liées à la danse chez les élites entre le XVIe et le début du XXe s. Les auteurs ont choisi pour méthode de concentrer leur approche sur quelques grandes périodes de rupture, plus particulièrement celles d’Élisabeth d’Angleterre, de Louis XIV, du XIXe s. et de Guillaume II. Ainsi, l’importance que revêt la danse à la cour sous l’ère élisabéthaine est à mettre en relation avec son instrumentalisation, à la fois diplomatique et politique par la reine, et l’on appréciera dans ce contexte les descriptions détaillées des cérémonies de cour ou encore celles des masques. Mais c’est le chapitre consacré à l’époque de Louis XIV qui retiendra plus particulièrement l’attention et qui constitue un des points forts de l’ouvrage. S’appuyant amplement sur les travaux de L. Marin, les auteurs soulignent combien chorégraphies et ballets ont eu pour but la représentation de la monarchie et comment le roi a fait de la danse un instrument de célébration de la personne royale et de la monarchie absolue en même temps que de domination de la cour. A cet égard l’entrée en scène du roi dans le ballet, qui en constitue le but ultime et l’apogée, est éclairante: Louis XIV n’y participe pas en tant que personne, mais y apparaît en tant qu’incarnation et représentation de la souveraineté monarchique à laquelle la noblesse doit se soumettre. Pareillement, le grand bal du Roi est davantage cérémonie absolutiste que divertissement de cour, servant à la fois à démontrer la hiérarchie de la cour et à discipliner la noblesse. Avec l’étude de la valse, l’ouvrage abandonne le monde de la cour pour aborder les bourgeois dansants. L’essor extraordinaire de cette danse à partir de la fin du XVIIIe s.et durant tout le XIXe s. signifierait une réaction à l’Ancien Régime, une nouvelle culture du corps et du mouvement à interpréter comme une réplique au modèle aristocratique (grâce et balance, contact des corps s’opposant à la gravité et à la noblesse des danses de cour) et comme l’expression caractéristique de la société bourgeoise. On notera quelques développements intéressants, à propos de la valse, sur la répartition des rôles entre hommes et femmes, également sur les différents préparatifs avant le bal. L’ère wilhelminienne nous ramène au monde de la cour et marque en même temps le retour aux formes de danses traditionnelles dû à Guillaume II que les auteurs interprètent en se référant à ce qu’Éric Hobsbawn a appelé »l’invention de la tradition«. Après 1918, on assiste à la démocratisation de la danse marquée notamment par le tango. Si l’on adhère à la limitation aux dimensions politiques et sociales de la danse, ce livre, touffu sinon parfois un peu confus dans la mise en œuvre de sa problématique, constitue une étude particulièrement suggestive sur ce qui fut un élément important de la vie de cour.

2Patrice VEIT

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Patrice Veit, « BRAUN, Rudolf, GUGERLI, David, Macht des Tanzes, Tanz der Mächtigen. Hoffeste und Herrschaftszeremoniell 1550-1914 », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 01 janvier 1996, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/1562 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ifha.1562

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
  • Logo IFRA – Institut franco-allemand. Sciences historiques & sociales
  • Logo Goethe Universität
  • Logo Ministère des affaires étrangères
  • Logo Fondation maison des sciences de l'homme
  • OpenEdition Journals
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search