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2002

LINDNER, Stephan H., Den Faden verloren. Die westdeutsche und die französische Textilindustrie auf dem Rückzug (1930/45-1990)

Hervé Joly
Stephan H. LINDNER, Den Faden verloren. Die westdeutsche und die französische Textilindustrie auf dem Rückzug (1930/45-1990), München : Beck (Schriftenreihe zur Zeitschrift für Unternehmensgeschichte, 7), 2001, 279 p., 44,90 €.
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Texte intégral

1Ce livre, issu d’une thèse d’habilitation soutenue à l’université technique de Dresde, présente une grande originalité à plusieurs titres. Il s’agit d’abord d’une large étude sectorielle, et pas d’une simple monographie d’entreprise comme l’histoire d’entreprise en mène le plus souvent. Le secteur choisi est ensuite plus négligé par l’historiographie que la sidérurgie ou la chimie par exemple dans la mesure où, en l’absence de concentration aux mains de très grandes entreprises, l’accès aux sources s’avère plus difficile. La période traitée est également nouvelle : après l’évocation rapide, dans un simple chapitre préliminaire, de la période de la crise économique à la fin de la seconde Guerre Mondiale, l’essentiel du livre porte sur l’après-guerre. Enfin, l’auteur a mené à bien une véritable démarche comparative traitant à égalité les industries des deux pays étudiés.

2L’étude de l’industrie textile à cette période est particulièrement intéressante dans la mesure où, comme le titre l’indique, il ne s’agit pas d’une success story. Dans les deux pays, cette industrie qui avait été dominante au XIXe s. subit dans la deuxième moitié du XXe s. un déclin certain. L’auteur insiste cependant sur le fait qu’il est plus relatif qu’absolu. L’industrie textile connaît également dans les années 1950-1960 une croissance qui, si elle est moins forte que pour l’ensemble de l’économie, est cependant non négligeable. La modernisation technique est également spectaculaire : les textiles artificiels et synthétiques se répandent et les fabrications se mécanisent fortement. Cette industrie très dispersée tend à se concentrer avec la formation de quelques grands groupes. L’emploi reste dans les deux pays à un niveau élevé, même si la baisse des effectifs est entamée plus précocement en France, dès la fin des années 1950 : l’industrie française est lourdement frappée par la perte de ses débouchés coloniaux dont elle était très dépendante. Ce n’est que dans les décennies 1970-1980 que la chute des emplois textiles devient très forte. La stratégie de concentration au sein de grandes entreprises aux productions standardisées s’est avérée un échec. L’industrie textile n’a pas disparu pour autant. Elle continue en 1990 d’employer plus de 200 000 personnes dans les deux pays, mais elle s’est réfugiée, face à la concurrence étrangère des pays à main-d’œuvre bon marché pour les productions à grande échelle, dans des niches, comme les textiles sophistiqués à usage industriel ou la production de tissus de luxe. La démarche comparative montre que l’industrie allemande s’est, au moins jusqu’au terme de l’étude, globalement mieux sortie de ces restructurations. La perte en 1945 avec les territoires orientaux d’importants bassins d’industrie textile a réduit des capacités de production excédentaires. Les nombreux réfugiés accueillis dans l’après-guerre ont fourni une main-d’œuvre abondante. La politique libérale menée par le gouvernement de la RFA l’a mieux préparée à affronter la concurrence internationale. La pénurie apparue dans les années 1960 sur le marché du travail, face à l’attraction d’autres secteurs industriels aux salaires plus élevés, a facilité la mise en œuvre de la mécanisation. La grande dispersion géographique des entreprises a évité que, comme en France, des régions industrielles se retrouvent entièrement sinistrées. Ce bilan favorable resterait bien sûr à confirmer pour la décennie suivante, avec les conséquences de la réunification et la difficulté croissante de résister à la concurrence internationale en fonction d’un coût du travail très élevé.

3L’étude mériterait d’être rendue accessible aux spécialistes français de l’industrie textile pour la richesse de sa dimension comparative, même si on peut regretter que la perspective sectorielle débouche nécessairement sur des analyses un peu abstraites : les entreprises et les différents acteurs restent un peu trop dans l’ombre, faute d’utilisation de sources privées (à l’exception des archives, au demeurant peu exploitées, d’une entreprise allemande).

4Hervé JOLY

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Pour citer cet article

Référence électronique

Hervé Joly, « LINDNER, Stephan H., Den Faden verloren. Die westdeutsche und die französische Textilindustrie auf dem Rückzug (1930/45-1990) », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 01 janvier 2002, consulté le 19 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/1223 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ifha.1223

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